Octobre 2018

Source : Philippe Bigot, in L’essentiel – Paroles d’acteur – septembre 2008

« L’accompagnement est une histoire de relation. Je pars de l’idée que la personne que j’accompagne ne vient pas à la séance avec un ensemble de représentations préexistantes qu’il viendrait décrire dans la séance. Dans la séance on va co-construire ce qu’il va se passer. Cette co-construction est assujettie à la culture, à la tradition, au langage. Il n’y a pas de pensée qui ne dépende pas de processus sociaux. Mon identité est façonnée par l’ensemble des propos tenus sur et à propos de moi. C’est l’idée d’une dynamique dans laquelle l’identité peut se façonner. Et qui d’une certaine façon peut se façonner. Et qui d’une certaine façon peut se rejouer à tout moment.

Tout discours a un objectif de valeur. L’accompagné poursuit un objectif, il va chercher à dire et à démontrer quelque chose. Il va choisir les éléments dans son discours qui vont lui permettre d’atteindre son objectif de valeur. Il va ordonnancer ces éléments de façon logique, structurée. Il va établir des liens de causalité, des causes effets, entre les éléments de son discours. L’accompagnant pose des questions et permet de renforcer ou réorienter la construction que fait l’accompagné.

Tout est langage disait Françoise Dolto. Comment travailler avec cette notion dans l’accompagnement ? L’emploi des mots dépend beaucoup du contexte, de la nature de la relation, de ce qui va s’échanger dans la relation.

L’important ce n’est pas d’aller chercher des effets de vérité mais de s’intéresser à la nature du discours. Comment cet individu par le langage est en train de créer sa réalité avec moi, ici et maintenant.

La personne n’est pas le problème, mais l’accompagné a une relation avec le problème. La seconde idée qui créée la différence, c’est qu’il n’y a pas de problème derrière le problème. Qu’il en soit le témoin, qu’il vienne le travailler, c’est une chose. Il n’en est pas le porteur, au sens où il porterait l’entière responsabilité. L’idée c’est justement d’enlever cette pression. Cela va être utile car on va pouvoir travailler sur les interactions qui existent entre lui et le problème. On ne rentre pas dans le problème.

Ici on ne travaille pas sur le contenu du problème. On va s’intéresser à la dimension du processus langagier : comment construit-il le problème ? L’objectif c’est moins de s’attaquer au problème pour le résoudre que pour l’isoler, lui donner moins de place, le dissoudre d’une certaine façon. Cette démarche ne vise pas à éradiquer le problème à tout coût mais de le rendre indécidable, c’est-à-dire à générer le doute. L’élément clé c’est le questionnement de l’accompagnant, un questionnement qui est plutôt réflexif, qui va interroger le fondement des choses et qui va demander à l’accompagné ce qui l’amène à penser ça. Ainsi, le discours élaboré sera en permanence remis en question.

C’est une démarche maïeuticienne. On privilégie le dialogue à l’intervention, pour s’installer dans un dialogue porteur pour l’autre. C’est dans cet échange que le dialogue va se construire avec l’accompagnant.

Il est beaucoup plus confortable pour l’accompagnant de travailler à créer de nouvelles causes effets que de chercher à détruire ou dissoudre les causes effets. »

La Systémique

Philippe Pecastaing Octobre 2018 Née aux Etats Unis au début des années 50, connue…