« Démontrer que l’objectivité n’est pas un état d’esprit mais qu’elle est rhétorique, elle appartient au champ de la conviction et pas de la réalité »
Jacques DERRIDA.
Une autre spécifié de l’intervention orientée solution en coaching, c’est qu’elle n’a rien à voir avec un modèle de résolution de problèmes. Cela représente une différence importante avec de nombreuses approches.
Qu’entend-on par résolution de problèmes ?
Cette démarche vient à l’origine des mathématiques : ce n’est pas neutre. C’est un mathématicien, Georges POLYA, qui a travaillé sur cette démarche avec l’idée de découvrir une théorie de la solution. Nous allons aborder comment il décrit cette démarche. La première étape consiste en une description de l’état initial qui est déjà le moment où la démarche commence. L’objectif est ici de faire un état des lieux, de cerner l’objectivité d’une situation, de construire et de définir le problème.
La seconde étape consiste en une description de l’état, du but à atteindre. Il est question ici de l’ensemble des démarches que l’on va avoir à mener pour atteindre l’état but. On va identifier les contraintes. On va recenser les facteurs facilitants, les obstacles et on va chercher le cheminement le plus direct pour atteindre l’objectif.
DE SHAZER [précurseur des thérapies brèves centrées solution] travaillait avec ce modèle-là, jusqu’à ce qu’il en prenne le contre-pied et décide de sortir de cette logique d’un accompagnement qui consisterait à poser les choses en termes de problème. Car raisonner sur le mode de résolution de problème pose immédiatement la question du diagnostic, de la vision du problème. Résoudre le problème c’est apporter une réponse au diagnostic dans cette démarche.
Dans notre approche [Coaching Orienté Solution], nous considérons qu’il y a d’autres façons d’aborder la question.
La première idée pour l’intervenant de la démarche orientée solution, c’est d’aborder le problème en le séparant de la personne. Pour le dire autrement, la personne n’est pas le problème. Je ne pars pas avec l’idée que la personne serait en elle-même porteuse du problème. L’idée c’est : le coaché a une relation avec le problème, il n’est pas porteur du problème comme s’il y avait quelque chose en lui comme de la mauvaise herbe.
Le postulat d’intervention, c’est que le coaché a une relation avec son problème. Ce qui est intéressant, car on ne peut avoir de problème tout seul, on l’a avec les autres, on est interdépendant. Les autres aussi participent de la création de ce problème. Dons qu’il en soit le témoin, qu’il vienne le travailler, c’est une chose. Il n’en est pas le porteur, au sens où il porterait l’entière responsabilité. Cela va être intéressant car on va pouvoir travailler sur les interactions qui existent entre lui et le problème. On va s’intéresser à la dimension du processus langagier : comment il construit le problème.
L’idée c’est moins de s’attaquer au problème pour le résoudre que pour l’isoler, lui donner moins de place, le dissoudre d’une certaine façon. Cette démarche ne vise pas à éradiquer le problème à tout coût mais de le rendre indécidable, c’est-à-dire générer le doute.
Gagner le doute, c’est déjà relancer quelque chose dans le discours qui va permettre d’autres discours possibles, et d’autres discours possibles est une clé pour construire d’autres réalités du problème.
Le coaching professionnel : résoudre les problèmes ? [1]
Source – Philippe BIGOT – Conférence Société Française de Coaching – mars 2006